Campagne-sur-Aude offrait donc une structure idéale pour accueillir des malades marqués par les privations et la vie des tranchées. La qualité du site en a fait un hôpital pour les blessés et malades des poumons. Il a été sommairement aménagé par des prisonniers de guerre et est devenu en 1916, l’hôpital numéro 19. L’hôpital a accueilli son premier malade le 20 octobre 1916 et a fermé ses portes le 5 mars 1922. Pendant cette période, il hébergea 1638 militaires de tous grades. La plupart des malades étaient des soldats et des sous-officiers subalternes. On note cependant quelques sous-officiers supérieurs et quelques officiers, presque uniquement du grade de lieutenant. Leur séjour était de courte durée, moins de trois mois pour les deux tiers, moins de six mois pour les autres. À l’exception de quelques-uns qui bénéficiaires de soins prolongés, mais d’une durée toujours inférieure à un an. En dehors des longues heures de repos imposées par leur état de santé, les malades pratiquaient des activités récréatives destinées à leur redonner la joie de vivre et à les préparer au retour à la vie civile. Parmi ses activités, notons l’aviculture, la vannerie, la comptabilité, le chant et le théâtre. À l’issue de leur séjour, les hospitalisés étaient évacués sur d’autres formations médicales, très souvent réformés et renvoyés dans leurs foyers. Malheureusement, la maladie conduisait à une issue fatale ceux qui étaient profondément atteints. 82 d’entre eux décédèrent et furent inhumés au cimetière de Campagne. Ceux qui disparurent avaient, pour la majorité d’entre eux entre vingt et trente ans. L’année la plus meurtrière fut l’année 1919, sans doute, l’épidémie de « grippe espagnole » qui sévit au printemps ne fut pas étrangère à cette recrudescence de décès. Les enterrements avaient lieu pendant la nuit, dans la plus grande discrétion, pour ne pas porter atteinte à l’optimisme et à la volonté de guérison des malades.